“Loger sans construire ni détruire”- 2 ONG font les préconisations pour l’avenir
- mars 19, 2024
- Envoyé par : Rédaction Garage&Grenier
- Catégorie: Actualité immobilière
Dans une époque où l’équilibre entre la nécessité de construire et de loger dignement la population et la préservation de notre environnement est plus crucial que jamais, le rapport publié ce mardi 19 mars par la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et la Fondation Abbé Pierre tombe à point nommé. Intitulé “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” (ZAN – “Zéro Artificialisation Nette”), ce document ouvre de nouvelles perspectives pour l’habitat de demain. Voici les grandes lignes de leur plaidoyer pour une transition écologique et sociale de l’immobilier.
Améliorer l’utilisation du bâti existant avant de construire du nouveau
La première stratégie soulignée dans le rapport “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” est l’optimisation de l’utilisation des bâtiments existants.
La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et la Fondation Abbé Pierre mettent en avant la réduction des logements vacants, avec des propositions concrètes comme la révision de la fiscalité sur ces biens, en fonction de la tension immobilière locale. Cette approche vise également les propriétaires multipropriétaires, détenant à eux seuls plus de 60 % du parc locatif de logements, incitant à une gestion responsable de leur patrimoine.
La stratégie d’amélioration de l’utilisation du bâti existant s’attaque à l’un des paradoxes les plus criants de nos villes modernes : alors que des milliers de personnes peinent à trouver un logement abordable, un grand nombre de propriétés restent inoccupées.
Cette situation, loin d’être anecdotique, reflète des dysfonctionnements dans la gestion de notre patrimoine immobilier et dans nos politiques d’urbanisme. On estime à 3 200 000 le nombre de logements vacants en France, soit 1,2 millions de plus que dans les années 90, la conséquence directe de la financiarisation du secteur de l’immobilier.
Pour contrer ce phénomène, la révision de la fiscalité immobilière peut être une mesure d’urgence, bien que pas suffisante. L’idée est d’introduire une fiscalité progressive et différenciée selon la situation locale du marché immobilier.
Dans les zones tendues, où la demande excède largement l’offre, les taxes sur les logements vacants devraient être augmentées significativement. Cette mesure inciterait les propriétaires à remettre sur le marché des logements inoccupés, soit en les louant, soit en les vendant, contribuant ainsi à détendre le marché immobilier.
De plus, cette approche fiscaliste pourrait s’accompagner de mesures incitatives pour les propriétaires multipropriétaires. Au-delà de la simple sanction financière, l’idée serait de les encourager à rénover et à améliorer l’efficacité énergétique de leurs biens avant de les mettre en location ou en vente. Davantage de subventions ou de crédits d’impôt pourraient être envisagés pour les travaux d’amélioration énergétique ou de réhabilitation qui augmentent la valeur verte des logements et répondent aux critères de durabilité.
En parallèle, des dispositifs d’accompagnement pourraient être mis en place pour aider les propriétaires dans ces démarches, qu’il s’agisse de conseils juridiques, techniques ou financiers. L’objectif serait double : remettre sur le marché des logements de qualité et soutenir la transition écologique de l’habitat.
En optimisant l’utilisation du bâti existant, on peut non seulement répondre à la crise du logement mais aussi contribuer à la lutte contre le changement climatique et à la préservation de nos espaces naturels, tout en dynamisant le tissu économique local. En somme, il s’agit d’une démarche à la fois sociale, économique et environnementale.
La crise du logement en France est marquée par le mal-logement de millions de personnes, l’inefficacité des politiques, et une spéculation immobilière exacerbant le problème. Divers facteurs aggravent la situation éloignant des candidats à l’acquisition et la location. Les initiatives peinent à répondre aux défis écologiques et sociaux, nécessitant des réponses plus systématiques et concertées.
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Vers une utilisation optimale de l’espace : Lutter contre la sous-occupation
Un autre point abordé par La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et la Fondation Abbé Pierre est la sous-occupation, particulièrement présentes dans les zones urbaines de moins de 100 000 habitants, notamment dans les zones à forte pression immobilière. Les propositions s’étendent de la régulation des résidences secondaires à l’encouragement des parcours résidentiels adaptés pour les seniors, souvent seuls dans de grands espaces inadaptés à leurs besoins actuels.
La sous-occupation des logements représente un défi significatif dans les zones à forte pression immobilière où la pénurie de logements s’accentue. Cette problématique, souvent occultée, mérite une attention particulière tant ses répercussions sur le marché immobilier et la cohésion sociale sont importantes.
Une des réponses à ce phénomène passe par une régulation accrue des résidences secondaires. Cela pourrait inclure l’imposition de taxes spécifiques pour décourager la sous-utilisation, ou la mise en place de quotas limitant le nombre de résidences secondaires par zone.
Ces mesures viseraient non seulement à libérer des logements pour les résidents permanents mais aussi à modérer la spéculation immobilière qui prive de nombreux habitants de logements abordables.
Parallèlement, encourager les parcours résidentiels adaptés pour les seniors apparaît comme une solution bénéfique à plusieurs égards. En effet, nombre de personnes âgées vivent seules dans des logements familiaux devenus inadaptés à leurs besoins : trop grands, difficiles à entretenir, mal isolés ou mal situés par rapport aux services essentiels.
Développer des alternatives de logement plus adaptées, comme les résidences services seniors, les logements intergénérationnels ou les béguinages, permettrait de répondre à leurs attentes en matière de confort, de sécurité et de lien social. En parallèle, cela libérerait des logements sous-occupés qui pourraient être réinvestis par des familles ou des individus en recherche active de logement.
Ces alternatives, en plus de répondre aux besoins spécifiques des seniors, favorisent le maintien de l’autonomie et la création de nouvelles dynamiques communautaires. Elles ouvrent également la voie à des parcours résidentiels plus fluides, où chaque tranche d’âge trouve un logement adapté à ses besoins, contribuant ainsi à une meilleure gestion du parc immobilier global.
Pour que ces initiatives portent leurs fruits, une approche collaborative entre les collectivités locales, les promoteurs immobiliers, les associations et les citoyen·nes est indispensable. Il s’agit de mettre en œuvre une politique du logement qui soit inclusive, diversifiée et adaptée aux réalités locales, tout en répondant aux enjeux démographiques et environnementaux de notre époque. La sous-occupation n’est pas une fatalité : avec des politiques adaptées et innovantes, il est possible de transformer ce défi en une opportunité pour construire des communautés plus résilientes et solidaires.
Repenser l’urbanisme : (re) construire durablement
Le rapport “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” prône une révolution dans nos modes de construction et d’aménagement. La densification douce est mise en avant, que ce soit par la surélévation ou l’utilisation plus astucieuse des “fonciers invisibles” entre les maisons. Cette densification vise à créer de nouveaux logements sans empiéter sur de nouveaux terrains, tout en favorisant le lien social et une meilleure intégration au sein des villes.
Les habitats légers, réversibles et éco-responsables, représentent une autre voie, combinant respect de l’environnement et réponse à l’urgence du mal-logement.
La crise de l’immobilier proclamée en France est contestée par l’auteur qui distingue les difficultés du secteur des intermédiaires de la véritable crise du logement. Avec les chiffres de 2023, le marché montre plutôt des signes de adaptations qu’une crise. L’article critique les professionnels de l’immobilier pour leur manque de vision, souligne leur responsabilité et invite à une réforme en profondeur du secteur du logement et de l’immobilier.
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Quelles applications possibles du rapport “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” dans les modes de constructions et d’aménagement ?
Face aux défis environnementaux actuels et à la crise du logement, il devient impératif de repenser nos méthodes de construction et d’aménagement urbain. Le rapport évoqué souligne l’urgence de cette transition vers une “densification douce”, qui s’oppose radicalement à l’étalement urbain traditionnel. Cette approche, centrée sur la valorisation de l’espace existant, appelle à une révolution de nos paradigmes de construction.
La surélévation, par exemple, offre une solution particulièrement efficace en zones urbaines denses. Cette méthode permet d’ajouter des étages aux structures existantes sans consommer de nouveaux terrains. Outre l’aspect écologique, cette stratégie a l’avantage de revitaliser et moderniser le patrimoine bâti existant, tout en conservant l’identité architecturale des quartiers. De plus, elle encourage une meilleure utilisation de l’espace aérien, souvent négligé, et peut contribuer significativement à répondre à la demande de logements.
En même temps, l’exploitation des “fonciers invisibles”, ces espaces interstitiels urbains sous-utilisés, représente une autre piste de densification intelligente. Transformer ces interstices en lieux de vie, c’est repenser notre relation à l’espace urbain, en le rendant plus cohérent et harmonieux. Cette stratégie encourage une réflexion sur la polyvalence des espaces et sur des conceptions architecturales qui respectent le cadre de vie des habitants et l’environnement.
Quant aux habitats légers et réversibles, ils incarnent une réponse concrète à l’urgence écologique et sociale. Légers en termes d’empreinte écologique, réversibles pour s’adapter aux évolutions futures des terrains sur lesquels ils se trouvent, ces habitats offrent une alternative durable aux constructions traditionnelles.
Leur conception, orientée vers la réduction des déchets et l’économie de ressources, ouvre la voie à un urbanisme plus respectueux de l’environnement. De plus, en étant éco-responsables, ils s’inscrivent dans une démarche de réduction de la consommation énergétique et de promotion de matériaux durables et locaux.
Cependant, pour que ces nouvelles formes d’habitat et de densification soient acceptées et intégrées avec succès, une évolution des mentalités et des réglementations est nécessaire. Il s’agit de convaincre de l’urgence de ces changements, tout en garantissant la qualité de vie et le bien-être des habitant·es.
L’accompagnement des collectivités, la sensibilisation et l’éducation jouent un rôle crucial dans ce processus de transformation.
En somme, construire autrement est une nécessité qui s’inscrit dans une vision globale de l’avenir de nos villes. Il s’agit d’une démarche à la fois innovante et respectueuse, répondant à la fois aux besoins de logement et aux impératifs écologiques. Cette nouvelle approche de la construction et de l’aménagement urbain est un pas vers des villes plus durables, inclusives et résilientes qui va dans la continuité de l’esprit de la loi “SRU”, aujourd’hui la cible d’une réforme injuste prévue par le gouvernement Attal.
Financements et politiques publiques, les clés du changement dans le logement et l’immobilier
La mise en place des solutions préconisées par La Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et la Fondation Abbé Pierre nécessite des ajustements politiques et financiers significatifs. Le rapport critique les coupes récentes dans le fonds vert, essentiel pour financer la transition écologique des territoires. Le rapport “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” appelle à une augmentation des moyens alloués à ces projets vitaux, soulignant l’importance de l’ingénierie technique et financière pour accompagner les collectivités, notamment les plus petites.
La mise en œuvre des recommandations du “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” pour une meilleure gestion de l’urbanisme et du logement requiert une refonte profonde des politiques publiques et des investissements.
Le contraste entre ces recommandations et les actions actuelles du gouvernement, qui tendent à favoriser une approche plus libérale et moins centrée sur les besoins réels des plus démunis mais aussi de la majorité de la population, est frappant.
La critique adressée aux réductions budgétaires, notamment dans le fonds vert, met en lumière le décalage entre les besoins d’une transition écologique et sociale et les politiques en cours, qui semblent minimiser l’importance de ces investissements pour les petites collectivités.
L’appel à renforcer le soutien financier et technique aux collectivités est donc d’autant plus pertinent dans ce contexte de politiques gouvernementales divergentes, qui risquent d’affaiblir les efforts vers un urbanisme plus durable et inclusif.
La nécessité de politiques publiques alignées sur les enjeux écologiques et sociaux actuels est ainsi mise en exergue, soulignant la nécessité d’une réorientation stratégique vers la solidarité et la durabilité.
On peut mentionner la critique (qui peut devenir une véritable bataille?) de la future révision de la loi SRU par le gouvernement Attal, notamment l’intégration des logements intermédiaires dans les quotas de logements sociaux.
Cette modification pourrait détourner l’objectif initial de la loi, qui visait à fournir des logements sociaux pour les plus nécessiteux, et favoriser les communes et investisseurs aisés au détriment des populations en besoin réel de logements abordables.
Cette action va à l’encontre des efforts pour une ville plus inclusive et solidaire, marquant un retour en arrière par rapport aux progrès réalisés en urbanisme et en logement social.
“Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” ?!
Le message du rapport “Réussir la ZAN tout en réduisant le mal logement, c’est possible” est clair : il est possible de répondre aux besoins en logements sans nuire à notre environnement. Il s’agit d’une invitation à repenser nos politiques d’urbanisme, nos méthodes de construction et notre gestion de l’espace, pour un futur plus durable et inclusif.
Le rapport et ses conclusions appellent à une construction réfléchie et à une utilisation plus judicieuse des ressources existantes pour promouvoir un futur durable et inclusif. Cette vision prône un équilibre entre le développement nécessaire et la préservation écologique, encourageant des pratiques qui rendent le logement accessible à toutes et à tous sans compromettre la nature.
Et vous, quel est votre avis sur la question ? N’hésitez pas à laisser un commentaire, ci dessous, et à partager cet article avec votre entourage