La journée de mobilisation sociale du 1er octobre : quelle place pour le droit au logement décent ?

Le 1er octobre marque une journée de mobilisation sociale en France, où à nouveau des centaines de milliers de personnes sortiront battre le pavé pour que leurs revendications soient entendues. A l’appel des syndicats, la CGT, Solidaires et FSU, rejoints par les organisations de jeunesse, cette journée de grève et de manifestations a pour but d’exiger l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires, la défense des services publics mais aussi pour protester contre l’austérité budgétaire annoncée.

A côté de ces préoccupations de la large partie de la population, au cœur de cette mobilisation se trouve, directement ou indirectement, une question brûlante : celle du logement

Alors que la crise du logement continue de s’aggraver, cette journée de grève revêt une importance particulière pour les locataires, les propriétaires et les acteurs du logement, notamment social. Dans cet article, nous examinerons la place du logement dans cette mobilisation, d’autant plus que certaines organisations, comme la Confédération Nationale du Logement (CNL), portent des revendications spécifiques.

Un état des lieux inquiétant du secteur du logement et du marché immobilier

Ces derniers temps, le marché immobilier en France rencontre des difficultés sur le fond d’une crise du logement s’aggravant depuis plusieurs décennies . La montée des taux d’intérêt, l’augmentation des coûts de construction et une offre insuffisante ont rendu l’accès au logement de plus en plus difficile. Selon les derniers chiffres, 2,7 millions de personnes sont en attente d’un logement social en France, un record historique​. 

Cette crise touche aussi bien les jeunes actifs que les familles et les personnes âgées. Elle touche aussi fort les personnes à la recherche d’une location que les candidat·es à l’accession à la propriété. De plus, la précarité énergétique est un autre fléau auquel font face des milliers de foyers. On estime que, au moins, 5 millions de logements sont des passoires thermiques, aggravant ainsi la précarité des ménages​.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que la France est le seul pays européen où le taux de pauvreté a fortement augmenté entre 2015 et 2023​. Cela met en lumière une autre facette du problème : les charges liées au logement. Aujourd’hui, pour les ménages les plus modestes, le logement représente 32,8% en moyenne et jusqu’à 60% du budget pour les ménages les plus fragiles, notamment les locataires du parc dit “libre”, privé, et les propriétaires accédants, toujours en train de rembourser leur crédit immobilier. Face à cette réalité, la demande de logements sociaux ne cesse de croître, mais la production stagne, voire recule et la rénovation est au point mort.

L’aggravation de la crise du logement social

La crise du logement social est emblématique des difficultés structurelles du marché immobilier en France. Alors que la demande explose, la capacité des bailleurs sociaux à répondre aux besoins s’effrite. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, les politiques budgétaires mises en place depuis 2017 ont considérablement affaibli le secteur.

Le prélèvement de la Réduction de loyer de solidarité (RLS) sur les recettes des bailleurs sociaux en est un exemple marquant. Depuis 2018, cette mesure, censée compenser la baisse des APL, a représenté une ponction de 1,3 milliard d’euros par an, soit près de 10 milliards d’euros à ce jour​. Cet argent aurait pu être utilisé pour construire ou rénover des logements sociaux, mais il a au contraire paralysé l’action des opérateurs HLM.

La crise actuelle est aussi accentuée par des décisions politiques jugées inadaptées par les professionnels du logement. Lors du dernier congrès de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH), les critiques ont fusé contre l’immobilisme de l’État face à la gravité de la situation. Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, a notamment dénoncé l’absence de réaction du gouvernement et les « slogans » sans effets, comme celui du « choc de l’offre »​. Et pourtant, la politique néolibérale de différents gouvernements “macronistes” depuis 7 ans s’inscrit en large partie dans la continuité du quinquennat de François Hollande et des gouvernements dont Emmanuelle Cosse fut la ministre du logement (gouvernement “Valls II”), elle-même. 

L’importance de la mobilisation sociale pour le logement

La journée de mobilisation sociale du 1er octobre s’inscrit dans ce contexte de crise profonde du logement. Les revendications portées par les manifestants et les syndicats, comme l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires ou encore le retour des services publics, peuvent directement et indirectement impacter le secteur de l’immobilier et permettre à la population de faire plus facilement face aux effets de la crise du logement.  

Parmi les organisations impliquées, la Confédération Nationale du Logement (CNL) joue un rôle important avec son appel et ses revendications. Ses demandes sont claires et ambitieuses : gel des loyers, suppression de la RLS, relance massive de la construction de logements sociaux et abandon de la loi Kasbarian 2, perçue comme une attaque contre la mixité sociale​.

La CNL s’oppose vigoureusement à cette loi qui, selon elle, vise à privatiser le logement social et à affaiblir les mesures favorisant la mixité sociale. Elle milite pour que les maires continuent à construire des logements sociaux et propose même de rendre inéligibles ceux qui ne respectent pas leurs obligations en la matière​. De plus, face à l’augmentation constante des loyers, qui pourrait atteindre 10 % pour certains locataires d’ici 2025, la CNL appelle à un gel des loyers dans tous les secteurs locatifs, sociaux comme privés.

Le rôle des offices HLM et la réaction des acteurs du logement

Les offices HLM subissent la crise du logement. Ils gèrent une grande partie du parc de logements sociaux en France, et leur rôle est crucial dans la construction et la rénovation des habitations. Cependant, leurs marges de manœuvre sont fortement réduites par le manque de financements publics et les ponctions budgétaires. Lors du congrès HLM à Montpellier, les représentants des bailleurs sociaux ont réitéré leurs demandes, insistant sur la nécessité de rétablir un prêt à taux zéro universel et de supprimer la RLS​.

Valérie Létard, la nouvelle ministre du Logement, a tenté de rassurer les acteurs du secteur, affirmant qu’elle se battrait pour défendre les intérêts des logements sociaux​. Toutefois, elle a également précisé que les finances publiques ne permettraient pas de répondre à toutes les attentes. La situation reste donc incertaine, d’autant plus que la ministre a annoncé qu’elle attendrait le discours de politique générale du Premier ministre, Michel Barnier, avant de prendre des décisions. 

Le discours de Valérie Létard face au congrès des opérateurs de logements HLM manquait de clarté et de direction au même niveau que le congrès lui-même manquait de véritable ambition et d’audace

Pourquoi les revendications du 1er octobre sont cruciales pour sortir de la crise du logement

La journée de mobilisation sociale du 1er octobre met en lumière des revendications qui vont bien au-delà des simples revendications salariales. Elle s’inscrit dans un combat plus large pour la justice sociale et la dignité humaine, dans lequel le logement joue un rôle très important. En effet, comme le rappelle la CNL encore une fois « se loger est un droit fondamental » et l’absence de logements accessibles aggrave la précarité des familles​.

Les enjeux sont multiples : accès à un logement décent, lutte contre la précarité énergétique, réduction des charges locatives, mais aussi préservation de la mixité sociale dans les territoires. Toutes ces raisons, parmi tant d’autres, devraient faire partie du mot d’ordre. La population doit réclamer dans la rue, comme l’a fait dans les urnes lors des dernières élections législatives, un engagement ferme de l’État pour relancer une politique ambitieuse en matière de logement social, avec un plan massif de constructions et de rénovations. Ce n’est qu’en répondant à ces demandes que l’on pourra commencer à sortir de la crise du logement qui frappe de plein fouet des millions de personnes en France.

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L’essentiel à retenir sur la mobilisation sociale du 1er octobre 2024

La mobilisation sociale du 1er octobre est un moment clé pour mettre en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les locataires et les propriétaires en tant que véritables actrices et acteurs du secteur du logement en France. Alors que la crise du logement ne cesse de s’aggraver, il est impératif que les pouvoirs publics prennent des mesures concrètes pour répondre à cette urgence sociale. Le gel des loyers, la suppression de la RLS, la relance de la construction et de la rénovation de logements sociaux et l’abandon de la loi Kasbarian 2 sont autant de demandes qui doivent être entendues, a minima, pour garantir un accès digne et juste au logement.

La crise du logement est un symptôme d’un mal plus profond qui affecte toute la société. La mobilisation sociale du 1er octobre 2024 doit donc être vue non seulement comme une lutte pour des revendications immédiates, mais aussi comme un appel à un changement de paradigme, à une rupture totale avec les politiques néolibérales, où le logement devient une priorité nationale pour garantir l’égalité et la justice sociale.



Auteur : Rédaction Garage&Grenier
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