L’éventualité d’une censure du gouvernement Barnier, après l’utilisation controversée du 49.3 pour le Projet de loi de finances 2025, suscite des interrogations majeures, notamment dans le secteur immobilier. Une France sans gouvernement stable pourrait-elle réellement affecter directement l’immobilier et par conséquent les propriétaires et les locataires ?
Nous vous proposons un décryptage des enjeux et des conséquences sur l’immobilier suite à la censure du gouvernement Barnier. Une France sans gouvernement et surtout sans budget aura certainement un impact sur notre quotidien et sur le secteur de l’immobilier et du logement.
Pour comprendre le contexte de la possibilité de censure du gouvernement Barnier ?
La situation politique en France s’intensifie alors que le gouvernement Barnier semble plus fragilisé que jamais. La possibilité d’une censure du gouvernement Barnier marque un tournant potentiellement historique pour la Ve République. Si cette motion venait à aboutir, ce serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962.
Un gouvernement sur la corde raide face au 49.3 : Vers une censure historique ?
Le point de tension majeur repose sur le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Ce texte, fruit d’un compromis entre députés et sénateurs essentiellement de Droite, devait retourner en lecture définitive à l’Assemblée nationale ce lundi 2 décembre 2024. Sans majorité claire, Michel Barnier a activé l’article 49.3, qui permet d’adopter un texte sans vote parlementaire. Cependant, cet outil controversé expose automatiquement le gouvernement à une motion de censure et la possibilité d’une France sans gouvernement si elle aboutit.
Lundi, 2 décembre 2024, le parti de l’extrême droite, Rassemblement national (RN) a annoncé son intention de voter en faveur de cette censure du gouvernement Barnier, même si elle était déposée par la gauche. Ce scénario pourrait se concrétiser dès ce mercredi.
Une déstabilisation politique inédite
Si la motion de censure du gouvernement Barnier est adoptée, elle entraînerait une chute immédiate de ce dernier, qui deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République. Une telle situation, laissant la France sans gouvernement, aggraverait la crise politique ouverte par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juin dernier.
Le spectre d’une aggravation de la crise financière se dessine également. Alors que la situation financière française est problématique dans sa globalité après des années de la politique libérale creusant le déficit, France sans gouvernement pourrait exacerber les difficultés budgétaires. En l’absence de gouvernement stable, et surtout en absence d’un budget pour 2025, la note générale et capacité de la France à emprunter à des taux attractifs pourrait être compromise, avec des conséquences directes et immédiate sur l’économie nationale.
Gabriel Attal, président du groupe macroniste à l’Assemblée, a exhorté les oppositions à éviter un tel scénario : « Nous en appelons à la responsabilité de chacun. Voter la censure du gouvernement Barnier, c’est plonger le pays dans le chaos. » Cette déclaration s’inscrit dans une stratégie de culpabilisation. L’ironie du sort, elle vient de ceux qui ont contribué à mener le pays vers le chaos et la crise avec une politique néolibérale décomplexée tout en suivant un agenda fixé par une extrême droite xénophobe.
Les exigences de l’extrême droite et les lignes rouges du gouvernement
Depuis le début, il a été considéré que le gouvernement de Michel Barnier était sous tutelle de Marine Le Pen et l’extrême droite. Cependant, certaines lignes, bien que très minces, existent. Donc, les tensions se cristallisent autour de certaines mesures phares du PLFSS.
Le Rassemblement national a ainsi obtenu des concessions notables sur des points tant démagogiques que clairement racistes, comme la réduction de l’Aide Médicale d’État (AME) pour les sans-papiers. Toutefois, ceci ne semble pas être suffisant pour l’extrême droite qui en demande davantage.
La stratégie de “tout pour le tout” est la dernière carte à jouer pour ce parti de l’extrême droite profondément plongé dans des affaires judiciaires graves. Marine Le Pen, elle-même, risque la condamnation et l’inéligibilité.
Des scénarios après la censure du gouvernement Barnier
La censure du gouvernement Barnier pourrait marquer un tournant historique pour la France, plongeant le pays dans une situation politique délicate.
Pour sortir de cette impasse et éviter une France sans gouvernement stable pendant longtemps, Emmanuel Macron a plusieurs options envisageables selon les analystes :
1. Reconduire Michel Barnier et son équipe actuelle
Une option surprenante, avancée par la députée LR Valérie Bazin-Malgras, serait de reconduire Michel Barnier comme Premier ministre, accompagné des mêmes ministres. Cette approche consisterait à faire abstraction de la censure et à relancer immédiatement le même gouvernement, signalant une continuité malgré l’échec.
Bien que constitutionnellement viable, cette solution semble peu réaliste sur le plan politique. Elle risquerait de provoquer une nouvelle censure rapide, compromettant toute tentative de gouvernance et serait démocratiquement incompréhensible.
2. Former un “Barnier II” ou nommer un nouveau Premier ministre du “socle commun”
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Une autre piste consiste à reconduire Michel Barnier avec une équipe ministérielle remaniée. De nouvelles figures, jugées capables d’apaiser les tensions, pourraient rejoindre le gouvernement. Cependant, ce scénario soulève des interrogations : qui accepterait de rejoindre un exécutif jugé fragile ? « Les mêmes causes produiront les mêmes effets », avertit Arthur Delaporte auprès de FranceInfo. Le député PS, souligne également les difficultés de Michel Barnier à négocier.
En alternative, Emmanuel Macron pourrait choisir une autre personnalité issue de son « socle commun » (LR, Horizons, Modem). Cette hypothèse pourrait; et devrait, se heurter à un manque de soutien parlementaire, notamment face à l’arbitrage du RN ou aux divisions internes.
3. Opter pour un gouvernement technique
La mise en place d’un gouvernement technique, composé d’experts chargés de gérer les affaires courantes, est une solution envisagée en cas de blocage total. Cette équipe aurait pour mission principale d’assurer la transition jusqu’à la tenue de nouvelles élections législatives.
Cependant, cette option divise la classe politique. Si certains y voient une possibilité ultime, d’autres dénoncent un manque de légitimité vis-à-vis du Parlement. « Ce serait une forme d’immobilisme », critique une députée de droite.
4. Maintenir un gouvernement démissionnaire
Un scénario déjà expérimenté serait de conserver un gouvernement démissionnaire pendant plusieurs semaines, comme ce fut le cas après les élections législatives anticipées. Ce choix permettrait de temporiser, mais poserait des défis concrets, notamment pour l’adoption du budget 2025. « Sans 49.3, il serait impossible de faire passer un tel texte », explique le constitutionnaliste Benjamin Morel.
Cette option, bien que juridiquement faisable, pourrait alimenter les « flottements dans l’économie » et accentuer l’impression d’une France sans gouvernement capable de gouverner efficacement.
5. Bâtir une coalition de centre-droit et centre-gauche
Pour contourner le risque de censure récurrente, Emmanuel Macron pourrait tenter de construire une coalition élargie, incluant une partie de la “gauche modérée”. Cette option aurait pour but de stabiliser l’Assemblée en rassemblant des forces politiques plus diverses.
Certains évoquent des figures comme Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste, pour incarner un compromis. Mais là encore, l’équation parlementaire semble difficile à résoudre.
En effet, les Insoumis, principale force de l’Alliance des Gauches, rejettent catégoriquement toute alliance avec le « socle commun » macroniste étant donné que ce serait un outil totalement inadapté pour mettre en place le programme sur lequel le NFP s’était engagé envers ses électrices et électeurs. De plus, cette stratégie pourrait fragiliser l’union des gauches dans son ensemble, et notamment des partis comme le PS ou le PCF. Avec les élections municipales de 2026 qui arrivent, cela serait un très mauvais calcul pour ces partis, déjà sous l’appareil respiratoire et en vie seulement grâce à l’existence de NFP et l’alliance avec LFI.
6. Une nouvelle figure à Matignon : vers une surprise ?
Il reste la possibilité de prendre une autre voie et nommer une personnalité “inattendue“, comme Lucie Castets, issue des rangs du Nouveau Front Populaire et déjà désignée pour le poste de Première Ministre. Si son nom refait surface, les perspectives de succès restent limitées.
Cependant, c’est à notre grand regret, le programme du Nouveau Front Populaire étant celui qui est le plus à même de répondre à la crise du logement et aux urgences auxquelles le secteur de l’immobilier fait face.
Une impasse politique à l’horizon après la censure du gouvernement Barnier ?
La censure du gouvernement Barnier met Emmanuel Macron face à un choix cornélien : choisir entre continuité et rupture dans un contexte marqué par des tensions parlementaires et une économie sous pression. Quel que soit le scénario retenu, la France sans gouvernement stable risque de subir les répercussions d’une période prolongée d’incertitude politique.
Un contexte politique tendu : vers une paralysie décisionnelle ?
Même si Michel Barnier réussit à éviter cette première embûche, son gouvernement reste exposé à de nouvelles censures sur d’autres projet de loi. La stratégie actuelle semble viser un gain de temps, mais sans garanties de longévité pour cet exécutif déjà aux oubliettes.
Pour l’heure, tous les regards sont tournés vers les prochaines heures décisives à l’Assemblée nationale. Qu’il s’agisse d’une censure du gouvernement Barnier effective ou d’un compromis in extremis, cette séquence marquera un moment clé de l’histoire politique contemporaine en France. Et elle ne sera pas sans conséquence sur le quotidien de la population et sur le secteur de l’immobilier.
L’article 49.3 de la Constitution, bien que légal, déclenche souvent des tensions politiques. En cas de censure du gouvernement Barnier, la chute de l’exécutif entraînerait une période d’incertitude, le temps qu’un nouvel exécutif se forme. Or, cette instabilité politique, dans laquelle une France sans gouvernement plongera, peut freiner les initiatives économiques, y compris dans l’immobilier.
Le marché immobilier face à l’incertitude économique
Une France sans gouvernement opérationnel pourrait aggraver des fragilités déjà existantes sur le marché immobilier.
1. Une hausse des taux d’intérêt inévitable ?
Bien que certains analystes n’aient pas attendu pour rassurer le grand public avec un discours très (trop?) optimiste, les faits sont têtus. En effet, essayer de diminuer le poids de l’OAT sur le marché national des prêts n’en diminue pas son importance réelle. Et c’est exactement la même chose lors que l’on se penche sur la question de la confiance des marchés financiers.
La confiance des marchés financiers dans un pays repose en grande partie sur sa stabilité politique. Une crise prolongée pourrait entraîner une pression à la hausse sur les taux d’intérêt des emprunts d’État, ce qui se répercuterait sur les crédits immobiliers. Résultat : des prêts plus coûteux et une baisse du pouvoir d’achat immobilier pour les ménages. Et c’est une conséquence de la censure du gouvernement Barnier et du rejet de loi de finances pour 2025 à laquelle il faut s’attendre.
Ces évènements interviennent dans une période des conditions plus favorables où même une nouvelle baisse des taux directeurs de la BCE est possible. Par conséquent, avec une nouvelle crise politique d’une France sans gouvernement, on peut s’attendre à un recul net du marché des prêts immobiliers.
2. La réforme des logements énergivores en suspens
La transition énergétique est un dossier central pour de nombreux propriétaires. L’absence d’un gouvernement pourrait rendre impossibles les budgets, bien qu’affaiblis dans le Projet de Loi de Finances, liées aux rénovations énergétiques ou repousser des lois importantes et nécessaires. Conséquence : les propriétaires pourraient se retrouver dans l’incapacité d’avancer leurs projets, créant un effet domino sur les transactions.
3. Les risques d’un ralentissement général du marché immobilier
Le marché immobilier, déjà marqué par des tensions entre l’offre et la demande et à peine entré dans un stade de stabilisation, pourrait à nouveau subir une décélération notable en cas d’instabilité politique durable.
Un secteur immobilier résilient, mais sous pression
Malgré ces risques d’une France sans gouvernement stable, le marché immobilier a prouvé sa résilience lors de précédentes crises politiques. Les biens de qualité situés dans des zones à forte demande, comme les grandes métropoles, devraient conserver une certaine attractivité. Bien entendu, la méthode de la mise en vente y joue un rôle important.
L’importance d’une stabilité politique pour le marché immobilier
La perspective d’une France sans gouvernement stable, même temporairement, est loin d’être anodine pour le secteur immobilier. Entre hausse possible des taux d’intérêt, report des réformes essentielles et ralentissement des transactions, les effets pourraient être significatifs.
Les effets négatifs pourraient être rapidement estompés avec la nomination d’un nouveau gouvernement aux projets ambitieux. Dans la composition actuelle, la candidature de Lucie Castets et du NFP nous semblent comme le seul choix possible suffisamment à la hauteur pour faire face à la complexité de la crise du logement et des tensions sur le marché de l’immobilier. Hélas, cette possibilité parait difficilement réalisable.
Par conséquent, pour les propriétaires, la prudence reste de mise. Toutefois, en anticipant les évolutions et en s’entourant de conseillers compétents, qui ne devraient pas être réservés seulement aux plus fortunés, donc en étant bien accompagnés, il est possible de transformer une période d’incertitude en opportunité.
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